Navigation
 
You are here: Home Members sergedewel "P’änt’e": une étiquette religieuse à géométrie variable
Document Actions

"P’änt’e": une étiquette religieuse à géométrie variable

Tentative de définition et de filiation des courants évangélistes en Ethiopie. Recherche en cours à l'INALCO (Paris) par Serge DEWEL Objectifs : - distinction entre le protestantisme mainstream de l’Eglise luthérienne éthiopienne Mekane Yesus, la mouvance évangéliste en général (méthodistes, mennonites, baptistes…) et le Pentecôtisme ; - établir les rapports de filiation entre les missions et les Eglises nationales ; - cartographie de l’historique de l’implantation des missions de différents horizons; - cartographie de la situation actuelle (selon données publiées, dont celles du recensement controversé de 2007).

 

L’Ethiopie est considérée comme traditionnellement chrétienne, au point qu’appartenance à l’Eglise Orthodoxe Tewahedo d’Ethiopie (EOTC)[1] et langue amharique soient devenues les caractéristiques identitaires principales attachées aux Ethiopiens[2].

Une telle conscience identitaire laissa longtemps supposer -et le laisse toujours- que toute intrusion dans cette matrice culturelle rigide et bimillénaire était forcément un acte contre nature. Ainsi, lorsqu’il est fait référence à la remarquable progression des confessions évangéliques[3] en Ethiopie, pentecôtistes ou charismatiques, chacun ne peut y voir qu’une empreinte extérieure, une manœuvre de conquête dont l’origine se situe forcément en dehors des frontières et qui sont nécessairement mues par un objectif de conquête, obscur ou avoué. N’est-ce pas la confrontation de deux mythes, celui de l’identité nationale telle que rêvée par les ንጉሠ፡ነገሥት፡ (Nǝgusä Nägäst, Roi des Rois), sur le modèle du couple Tewahedo-amhara, et celui d’une rupture identitaire qui est forcément d’origine intrusive, une መጤ፡ሃይማኖት፡ (mät’é haymanot, une foi importée) ?

Des études sociologiques et anthropologiques menées dans plusieurs pays africains (Kenya, île de la Réunion, Bénin, Ghana, Burkina Faso, Nigéria, Cameroun, RDC…)[4]  tendent à démontrer à quel point l’adhésion d’Africains[5] aux christianismes charismatiques semble naturelle et ne pas forcément nécessiter d’influence extérieure[6] au-delà de l’action missionnaire initiale. Une théologie orale, la part importante laissée à l’expression de l’expérience individuelle[7] et les vertus thérapeutiques qui caractérisent le pentecôtisme sont certainement pour beaucoup dans son succès. C’est ce qu’Harvey Cox voulait exprimer, sans doute avec un excès provocateur : « Les Eglises indigènes africaines sont totalement pentecôtistes »[8].

En Ethiopie, les premières missions évangéliques furent suivies plus tardivement de missions pentecôtistes. Ces dernières, qui furent l’œuvre de pasteurs scandinaves, ont laissé place à des Eglises nationales dès l’époque impériale. Loin de tarir, elles prirent de l’ampleur au cours de la dernière décennie impériale et s’assurèrent dans la clandestinité. Après un moment d’optimisme en 1974, elles durent à nouveau retourner dans l’ombre et y subir les persécutions sous le régime marxiste du Därg[9]. Le phénomène ne semble donc pas si nouveau et le gain contemporain important en ouailles de ces congrégations pourrait dès lors être aussi envisagé comme une mutation interne de la société, une fragmentation de l’identité, dont la mythique et prétendue unité se trouve d’autant plus remise en cause par le fédéralisme ethnique[10] de l’Etat et la promulgation de la Constitution de 1994 (appliquée en 1995)[11] régissant la République Fédérale Démocratique d’Ethiopie.

Ici encore, il convient de s’interroger sur une idée trop vite énoncée : quelle est cette unité éthiopienne, longuement construite et reconstruite, depuis l’avènement de Yekuno-Amlak vers 1270, ancrée sur le pivot religion/langue[12] ? Quelle est la profondeur de cette identité éthiopienne fondée sur une histoire territoriale convulsive, parfois fantasmatique,  et achevée par la construction de la grande Ethiopie voulue par Menilek II ? Fragmentation de l’identité unique ou expression d’une identité pluri-facettes[13] ?

Dans cet ensemble protéiforme que sont les confessions évangéliques, il conviendra particulièrement de saisir avec plus de précision quelles sont les différentes orientations ecclésiologiques et théologiques présentes en Ethiopie, et surtout de distinguer les missions anglo-saxonnes ou scandinaves originelles -parfois encore présentes- des Eglises éthiopiennes, nationales et indépendantes, dans la mesure où leurs discours et cibles ne sont certainement pas identiques. Les membres et les moteurs d’adhésion ne peuvent qu’être différents. A ce niveau, les statistiques ne seront que d’une aide relative car l’habitude est de rassembler dans un même pourcentage les adeptes des différents courants universaux issus de la Réforme ; tous dénommés ጰንጤ፡ (p’änt’e)[14].

Le succès des Nouvelles Eglises est-il le produit d’un prosélytisme étranger débridé ou correspond-il à une dynamique interne de redéfinition de l’identité culturelle et sociale ? L’Evangélisme est-il perçu comme expression de la modernité ou doit-il son succès à la récupération de croyances locales ? Quelles sont les causes du succès du pentecôtisme en Ethiopie ? Le pentecôtisme séduit-il par l’oralité de sa liturgie face à une théologie byzantine de l’Eglise Tewahedo et par son approche thérapeutique, en cela rejoignant les pratiques populaires magico-religieuses (Zar…) ? Est-il au contraire le catalyseur de l’expression d’une nouvelle identité sociale qui se veut moderne ou moderniste ?[15]

 

 

MÉTHODOLOGIE

 

Qu’est-ce que le pentecôtisme, d’un point de vue liturgique et ecclésiologique ? De nombreuses publications anglo-saxonnes ont apporté leurs éléments de réponse qui nous permettront d’assez facilement proposer un cadre de définition dans lequel évoluer[16]. La littérature francophone, peu prolixe sur le sujet du pentecôtisme global, nous laisse néanmoins trois textes fondamentaux[17].

A la suite de la promulgation du Décret sur les Mission[18] de 1944, Addis Ababa avait été déclarée zone ouverte aux missions, le reste du pays partagé en zones fermées (réservées à l’Eglise Orthodoxe Tewahedo d’Ethiopie) et en zones ouvertes où pouvaient œuvrer les missions. Ce décret est capital car il marque un tournant dans la politique impériale et dans la géographie religieuse de l’Ethiopie.

Avant ce décret, des missions avaient déjà été autorisées à s’implanter, au compte-goutte et moyennant restrictions, et s’étaient développées, dans le sud surtout. La promulgation du Décret ne faisait qu’officialiser une situation qui existait de facto. La présence des missions, si longtemps combattue, était devenue une telle réalité, et surtout d’une telle ampleur, que des Eglises nationales se créaient, indépendantes des missions qui les avaient engendrées. Les Catholiques, pour des raisons historiques avaient été peu opérant en Ethiopie, au contraire des protestants au sens le plus large du terme.

L’histoire et l’historiographie de ces mouvements évangélistes et charismatiques en Ethiopie a été étudiée, tantôt de manière « interne » mais aussi par des œuvres monumentales[19]. Néanmoins, il demeure un certain flou quant à certaines questions principales : qui sont précisément désignés comme p’änt’e, dans l’usage quotidien, de la part de l’EOTC, dans les textes officiels et légaux ? Il y avait en 2009 deux-cent cinquante associations religieuses enregistrées au ministère de la Justice à Addis Ababa, dont la majorité revêtant des dénominations évangéliques. Tous les Evangélistes sont considérés comme p’änt’e, mais sont-ils pentecôtistes pour autant ?

Les formations majeures du courant protestant en Ethiopie, dans les mouvances luthérienne, presbytérienne, baptiste, mennonite et méthodiste (ECMY, QHC, MKC…)[20], sont elles-mêmes profondément influencées par le courant charismatique en intégrant le renouveau du Saint-Esprit[21] et il est dès lors envisageable d’aborder séparément le pentecôtisme et la mouvance protestante principale ; ou a contrario de considérer comme un même ensemble les Eglises pentecôtistes et celles à caractéristiques pentecôtistes. Ceci ne faisant qu’ajouter de la confusion au terme p’änt’e.

En dehors de la mouvance protestante principale (luthérienne) et évangéliste, il convient aussi de s’assurer que le distinguo se fasse bien entre Eglises pentecôtistes et Eglises prophétiques ou millénaristes, si toutefois celles-ci sont présentes en Ethiopie ; ou si au contraire l’amalgame est assumé dans l’appellation p’änt’e. La tâche principale sera donc d’opérer à un dégrossissage de l’étiquette éthiopienne p’änt’e en isolant les liturgies mettant l’accent sur le Saint-Esprit et les charismes dans les Eglises évangélistes traditionnelles ou celles millénaristes ou prophétiques.

Enfin, et c’est un fait singulier, toutes les publications spécialisées, anciennes ou récentes, sont largement déficitaires sur le plan de la cartographie. Il est à ce jour impossible de se faire une représentation claire sur le terrain[22] :

- des implantations des missions de différentes origines (données);
- de la répartition en zones ouvertes et fermées sur le pays par le Décret des Missions de 1944 (contexte);
- de l’ensemble des missions à une période déterminée (par exemple en 1930 avant l’invasion italienne, en 1945 après le Décret des Missions, ou encore en 1974 au moment de la révolution) (croisement des données).

Il en va de même pour une vision synoptique de la situation actuelle : les deux contributions majeures les plus récentes[23] ont totalement omis cet aspect cartographique de l’information.

 

Notre objectif majeur est donc d’une part de réaliser la cartographie du phénomène évangéliste en Ethiopie, en traçant l’information historique et actuelle ; et, d’autre part, d’établir l’organigramme des Eglises et congrégations et de leur filiation avec les premières missions. Enfin, nous souhaiterions apporter quelques précisions quant aux usages du terme p’änt’e.

Nous aboutirons ainsi, en conclusion, à un état des lieux actuel de nos connaissances ouvrant sur les questions fondamentales encore sans réponse.

 

 

 

 

 



[1] Ethiopian Orthodox Tewahedo Church, acronyme officiel.

[2] Eyayu Lulseged (1990), Why do the Ethiopian Orthodox Christians in Ethiopia Identify their Faith with their Nation?, in PANKHURST Richard, Ahmed Zekaria & Taddese Beyene (Eds), Proceedings of the First National Conference of Ethiopian Studies, Institute of Ethiopian Studies, Addis Ababa University, Addis Ababa, 1990.

[3] Conformément à la définition du Grand Robert de la Langue Française (2001 ou version digitale 2.0), nous emploierons l’adjectif « évangélique » pour signifier Qui est de la religion protestante… ; l’adjectif « évangéliste » caractérise l’appartenance à l’évangélisme (ensemble de mouvements nés du revival protestant après Wesley : Méthodisme, Baptisme, Pentecôtisme…).

[4] DE SURGY Albert (2001) & (2003), LAURENT Pierre-Joseph (2009), KALU Ogbu (2008), MANA Kä (2004).

[5] Nous sommes conscients de la nature généraliste du terme et de l’absence critiquable de nuance de la proposition.

[6] BOUTTER Bernard (2002), Tibebe Eshete (2009) … C’est aussi la thèse défendue par FANCELLO Sandra (2006) soulignant que les Pentecôtismes africains, au contraire d’être des agents de l’Evangélisme américain, expriment de longue date les identités locales transcendées par le message christique.

[7] Entre autres la glossolalie (le « parler en langues »), signe de la communion avec le Saint-Esprit.

[8] COX Harvey (1995), p.220.

[9] EIDE Oyvind M. (2000).

[10] Il conviendra de commenter le terme ethnique, d’apprécier en quoi nous pouvons l’employer et le sens qu’il recouvre dans le cas spécifique du « fédéralisme ethnique » à l’éthiopienne.

[11] La fédéralisation de l’Ethiopie a conduit à un nouveau dessin des divisions administratives du pays. Les provinces impériales ont ainsi fait place aux ክልል (kǝlǝl, région fédérale, comparable au Land allemand) dessinés sur le modèle « ethnico-linguistique ».

Ethiopia is a Federal Democratic Republic composed of 9 National Regional States (NRS) - Tigray, Afar, Amhara, Oromia, Somali, Benishangul-Gumuz, Southern Nations, Nationalities and Peoples Region (SNNPR), Gambella and Harari - and two administrative councils - Addis Ababa and Dire Dawa. The NRS and the Administrative councils are further divided into 62 zones and 523 woredas (http://www.ethioembassy.org.uk/about_us/population.htm; accès le 04/05/2012).

[12] DERAT Marie-Laure (2003).

[13] A ce sujet, voir THIESSE Anne-Marie (2001) bien que sa réflexion soit axée sur l’Europe des 18ème et 19ème siècles.

[14] Terme désignant les adeptes des mouvements évangélistes, abréviation de Pentecôte / Pentecôtiste.

[15] BOUTTER Bernard (2002).

[16] ANDERSON Allan (2004); ANDERSON Allan, BERGUNDER Michael, DROOGERS Andre F. & VAN DER LAAN Cornelis (Editors) (2010); BALMER Randall Herbert (2002); BURGESS Stanley M. & VAN DER MAAS Eduard M. (Editors) (2003) ; HOLLENWEGER Walter J. (1997)…

[17] MARY André (1999), FATH Sébastien (Dir.) (2004) et TCHONANG Gabriel (2009). Complété par le travail doctoral publié d’UHRLACHER Bernard (2005).

[18] Dont le but était de resserrer la coopération entre missions et agences gouvernementales, et de partager les zones du pays entre territoires ouverts à tous et ceux réservés à l’EOTC.

[19] Tibebe Eshete (2009) et HAUSTEIN Jörg (2011).

[20] ECMY (Ethiopian Church Mekane Yesus, luthérienne), QHC (Qale Hiywot Church, baptiste), MKC (Mesrete Kristos Church, mennonite).

[21] HAUSTEIN Jörg (2011), p.19.

[22] A l’exception des cartes publiées par GASCON Alain (2005), nécessitant cependant une mise à jour et dont l’objectif n’était cependant pas de détailler les implantations des missions et des Eglises.

[23] Tibebe Eshete (2009) et HAUSTEIN Jörg (2011).

 

 


BIBLIOGRAPHIE
 

Pour les auteurs éthiopiens, c’est le premier élément du nom qui est le référent (le nom de famille n’existant pas) aussi sont-ils classés de cette manière.

 

ANDERSON Allan (2004), An Introduction to Pentecostalism, Cambridge USA, Cambridge University Press.

ANDERSON Allan, BERGUNDER Michael, DROOGERS Andre F. & VAN DER LAAN Cornelis (Editors) (2010), Studying Global Pentecostalism. Theories and Methods, Berkeley & Los Angeles, University of California Press.

AREN Gustav (1978), Evangelical Pioneers in Ethiopia. Origins of the Evangelical Church Mekane Yesus, Studia Missionalia Upsaliensi XXXII, Stockholm, EFS Förlaget.

BALMER Randall Herbert (2002), The Encyclopedia of Evangelicalism, Westminster John Knox Press.

BOUTTER Bernard (2002), Le pentecôtisme à l’île de la Réunion. Refuge de la religiosité populaire ou vecteur de modernité, Paris, L’Harmattan.

BURGESS Stanley M. & VAN DER MAAS Eduard M. (Editors) (2003), The New International Dictionary of Pentecostal and Charismatic Movements, Grand Rapids Michigan, Zondervan.

DE SURGY Albert (2001), Le phénomène pentecôtiste en Afrique: le cas béninois, Paris, L’Harmattan.

DE SURGY Albert (2003), Syncrétisme chrétien et rigueur anti-pentecôtiste en Afrique noire occidentale. Le cas béninois, Paris, L’Harmattan.

EIDE Oyvind M. (2000), Revolution and Religion in Ethiopia, 1974-85, Eastern African Studies, Oxford (James Currey), Athens OH. (Ohio University Press) & Addis Ababa (Addis Ababa University Press).

Eyayu Lulseged (1990), Why do the Ethiopian Orthodox Christians in Ethiopia Identify their Faith with their Nation?, in PANKHURST Richard, Ahmed Zekaria & Taddese Beyene (Eds), Proceedings of the First National Conference of Ethiopian Studies, Institute of Ethiopian Studies, Addis Ababa University, Addis Ababa, 1990.

FANCELO Sandra (2006), Les aventuriers du pentecôtisme ghanéen. Nation, conversion et délivrance en Afrique de l'Ouest, Paris, Karthala.

FATH Sébastien (Dir.) (2004), Le protestantisme évangélique. Un christianisme de conversion, Turnhout, Brepols, Bibliothèque de l’Ecole des Hautes Etudes, Sciences religieuses.

GASCON Alain (2005), Ethiopie: la croix contre la croix. Fédéralisme et prosélytisme des Eglises P’änt’ä, in Hérodote 2005/4 n°119, pp. 95-109.

GASCON Alain (2006), Sur les hautes terres comme au ciel. Identités et territoires en Ethiopie, Paris, Publications de la Sorbonne.

HAUSTEIN Jörg (2011), Writing Religious History. The Historiography of Ethiopian Pentecostalism, Wiesbaden, Harrassowitz.

HOLLENWEGER Walter J. (1997), Pentecostalism. Origins and Developments Worldwide, Peabody Mass., Hendriskson Publishers.

KALU Ogbu (2008), African Pentecostalism. An Introduction, Oxford – New York, Oxford University Press.Ethiopian Evangelical Church Mekane Yesus and the Addis Ababa Synod, Münster, Lit Verlag.

LAURENT Pierre-Joseph (2009), Les pentecôtistes du Burkina Faso. Mariage, pouvoir et guérison, Paris, Karthala.

MARY André (1999), Culture pentecôtiste et charisme visionnaire au sein d’une Eglise indépendante africaine, in Archives de sciences sociales des religions, CNRS, n°105 (44e année), janvier mars-1999, p.29-50.

MANA Kä (2004), Christians And Churches Of Africa: Salvation In Christ And Building A New African Society, MAryknoll NY, Orbis Books, Theology in Africa Series.

TCHONANG Gabriel (2009), L’essor du pentecôtisme dans le monde, Paris, L’Harmattan.

THIESSE Anne-Marie (2001), LA création des identités nationales. Europe XVIIIe – XIXe siècle, Paris, Seuil, collection Histoire, réédition.

Tibebe Eshete (2009), Evangelical Movement in Ethiopia, Waco TX, Baylor University Press.

URLACHER Bernard (2005), Pentecôtistes et évangélistes : Prier, prophétiser, parler en langues, témoigner, Internet, B. Urlacher, Textes Prétextes, sl.

Contributed by:

Serge Dewel

Paris, France
Institute of Oriental Languages (INALCO - Sorbonne Paris-Cité)
last modified 2012-06-27 14:48